En l’honneur de l’Année internationale des coopératives des Nations Unies, nous mettons en lumière certaines coopératives québécoises tout au long de l’année. Le sixième volet de cette série de mini-entretiens est consacré à La Coop de Yoga, fondée en 2021 à Québec. Nous avons interviewé Élie, une des membres de la coopérative.
Pourquoi avez-vous choisi le modèle coopératif (et le type spécifique de coopérative que vous avez choisi, par exemple, solidaire, de travailleurs, de producteurs, d’utilisateurs, etc.) ?
Nous avons choisi de fonder La Coop de Yogainitialement sous forme de coopérative de travailleusesparce que ce modèle reflétait bien nos valeurs et il nous semblait tout à fait à approprié dans notre contexte de studio avec un lieu physique.
Une fois que nous avons pivoté vers une formule mobile et que nous avons fermé notre local, nous avons changé pour devenir une coopérative de productrices.
Nous voulions reprendre le pouvoir sur nos conditions de travail, partager équitablement les revenus et construire un milieu qui valorise la qualité de vie, la solidarité et la transparence. Contrairement à une entreprise privée où les profits vont à des actionnaires externes, notre coopérative de productrices nous permet de gérer collectivement nos ressources, d’investir dans notre développement professionnel, d’offrir de bonnes conditions à nos membres et le meilleur de nous-mêmes à nos client·es.
Ce modèle favorise aussi une gouvernance horizontale où chaque voix compte. Ensemble, nous façonnons un espace qui nous ressemble et qui répond réellement aux besoins de nos membres, des travailleuses du secteur du yoga, souvent précaires ou isolées. La coopérative est pour nous un outil d’émancipation, de stabilité et de soutien mutuel.
En tant que productrices, nous souhaitions nous regrouper pour mutualiser nos ressources et connaissances, partager nos compétences et nous donner les moyens de développer une offre diversifiée et de qualité. Plutôt que d’agir chacune de notre côté, la coopérative nous permet de structurer notre travail, de coordonner nos horaires, d’élaborer des projets communs et d’avoir plus de poids pour aller plus loin dans nos ambitions.
Quel a été le plus grand défi dans le processus de création et/ou de gestion de la coopérative ?
Le plus grand défi pour nous a été de traverser les impacts de la pandémie et de la récession, qui ont profondément fragilisé notre milieu. Nous avons commencé le projet de La Coop de Yoga en pleine pandémie.
Comme beaucoup de studios de yoga, nous avons dû fermer temporairement notre local pendant les confinements successifs, ce qui a entraîné une perte importante de notre clientèle et de nos revenus.
Devant l’impossibilité de maintenir un espace physique stable à cause de la situation économique, nous avons dû repenser entièrement notre modèle d’affaires pour garder La Coop de Yoga en vie. C’est ainsi qu’est née l’idée de nous transformer en coopérative mobile. Nous nous déplaçons maintenant pour guider des classes de yoga dans les entreprises, les organismes communautaires, les hôtels, etc. Nous organisons également des événements ponctuels tels que des retraites, ateliers et cours de groupe ouverts à tous·tes spontanément.
Ce virage a exigé beaucoup de résilience et de créativité. Il a fallu rallier les membres autour d’une nouvelle vision, revoir notre gouvernance, ajuster nos façons de travailler et trouver de nouvelles façons de rejoindre notre clientèle.
Nous avons été attristées de perdre notre clientèle de studio, avec laquelle nous avions créé un lien fort et précieux.
Malgré tout, cette épreuve est devenue une force : elle nous a permis de nous adapter aux besoins réels de nos membres et de renforcer la solidarité entre nous, en nous donnant une structure collective plus viable pour nos membres et plus résiliente pour l’avenir.
Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu ou le conseil que vous donneriez à quelqu’un d’autre qui envisage de créer une coopérative ?
Le meilleur conseil que nous aimerions transmettre est de prendre le temps de bien s’informer et de bien s’entourer dès le départ. Créer une coopérative, c’est un projet magnifique, mais cela demande une bonne compréhension des aspects juridiques, financiers et surtout humains de la gouvernance collective. L’idéal est de ne pas hésiter à aller chercher de l’accompagnement : formations, mentor·es, réseaux de soutien et ressources spécialisées en économie sociale.
Il faut aussi accepter que tout ne se décide pas seul·e. Apprendre à écouter, à partager le pouvoir, à débattre sainement et à trouver des consensus sont essentiel pour que la coopérative dure dans le temps. Et surtout : avoir la souplesse d’adapter le modèle à la réalité. Il faut voir la coopérative comme quelque chose de vivant, se questionner souvent pour rester en phase avec la mission qu’on veut cultiver.
De quoi êtes-vous le plus fier·ère dans votre coopérative ?
Notre plus grande fierté, c’est de s’être prouvé à nous-mêmes qu’ensemble, même dans l’adversité, on peut créer un projet durable, humain et inspirant. Nous avons vu au fil des ans l’attachement que les client·es ont développé·es avec La Coop de Yoga et c’est touchant pour nous de voir à quel point le yoga et notre projet font du bien aux gens. Nous sommes fières d’avoir su développer des connaissances que nous n’avions pas initialement pour garder notre projet en vie et le faire s’élever.
Le thème de cette année est « Les coopératives construisent un monde meilleur », et nous pensons que ce changement commence dans nos communautés. Comment votre coopérative fait-elle de votre communauté un meilleur endroit où vivre ?
En offrant des cours et des ateliers de yoga, dans différents lieux (centres communautaires, parcs, entreprises, événements, nous allons à la rencontre des gens, là où ils et elles sont, et nous rendons la pratique plus inclusive. Nous prenons soin d’adapter nos cours à toutes sortes de réalités pour que tout le monde se sente bienvenu·e.
Notre mission est de rendre le yoga le plus accessible au plus grand nombre de gens possible. Nous créons des espaces pour briser l’isolement, favoriser la santé mentale et physique, et renforcer les liens sociaux. Nous collaborons avec des organismes communautaires et nous offrons parfois des activités gratuites ou à prix solidaire pour rejoindre des publics qui, autrement, n’auraient pas accès à ces services.
En plaçant l’humain, la bienveillance et la participation au cœur de notre mission, nous contribuons à bâtir une communauté plus forte, plus équilibrée et plus résiliente.
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