En l’honneur de l’Année internationale des coopératives des Nations Unies, nous mettons en lumière certaines coopératives québécoises tout au long de l’année. Cette mini-entrevue de la série est consacré à la Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ). Nous avons interviewé Cédric Lachance, l’un des conseillers en développement coopératif de la CDRQ.
Quel type de coopérative est la CDRQ ?
La CDRQ est une coopérative de solidarité.
Qui peut devenir membre ?
Notre coopérative comprend trois catégories de membres : les membres utilisateurs, les membres travailleurs et les membres bienfaiteurs.
La composition actuelle de notre conseil d’administration est la suivante : 11 administrateur·rices, dont 7 membres utilisateurs, 2 membres travailleurs et 2 membres bienfaiteurs.
- Membres utilisateurs : Il s’agit d’entreprises d’économie sociale qui se conforment à la Loi sur l’économie sociale et souhaitent bénéficier de nos services. Cela comprend le soutien au lancement de projets coopératifs ou à but non lucratif, ainsi que des services de conseil en gestion, en transformation numérique, en finance, en gouvernance et en vie associative. Toute organisation ayant bénéficié du soutien de la CDRQ peut devenir membre utilisateur.
- Membres travailleurs : Il s’agit des employé·es salarié·es de la CDRQ. L’adhésion en tant que membre travailleur est possible après une période d’essai de six mois.
- Membres bienfaiteurs : Il s’agit notamment de coopératives de services financiers, de mutuelles d’assurance et d’autres partenaires et organisations intéressés par la croissance et la prospérité de la CDRQ. Leur implication enrichit notre réseau et renforce notre mission. Ils sont les bienvenus parmi nos membres.
Pourquoi avez-vous choisi le modèle de coopérative solidaire ?
Lorsque la CDRQ a été créé il y a dix ans, elle résultait de la fusion des anciennes Coopératives de développement régional (CDR). Historiquement, les premières CDR, apparues il y a plus de quarante ans, étaient elles-mêmes des regroupements de coopératives. Ces dernières avaient besoin de services professionnels spécialisés en matière de coopération, qu’elles ne trouvaient pas ailleurs. C’est dans cet esprit que le modèle coopératif s’est naturellement imposé comme un choix évident lors de la fusion.
Parmi les différentes CDR, seule la CDR Montréal–Laval comptait des membres travailleurs. En adoptant le modèle coopératif solidaire, nous souhaitons honorer, enrichir et développer cette approche.
Ce modèle est particulièrement pertinent car il favorise une collaboration harmonieuse entre les différentes catégories de membres : utilisateurs, travailleurs et partenaires de l’écosystème (membres de soutien). Il renforce notre mission et crée un mouvement inclusif qui prend en compte les intérêts de chacun.
De nombreuses organisations de soutien similaires à la vôtre sont des organisations à but non lucratif. Quels sont les défis et les avantages de gérer la CDRQ comme une coopérative ?
L’un des principaux avantages de notre modèle coopératif réside dans le fait qu’il repose sur la relation avec les utilisateurs : ceux qui recourent à nos services ont leur mot à dire au sein du conseil d’administration et peuvent participer à la prise de décisions. La représentation directe des membres travailleurs au sein du conseil d’administration encourage leur engagement et renforce leur sentiment d’appartenance. De plus, grâce au modèle coopératif solidaire, diverses parties prenantes peuvent être intégrées au conseil d’administration, ce qui permet une gouvernance plus inclusive. Ce modèle répond aux préoccupations relatives à la représentation et à la défense des intérêts de nos membres.
Le principal défi de notre modèle opérationnel est le financement. Pour offrir des services accessibles à nos membres, nous dépendons de programmes gouvernementaux, qui sont assortis de conditions strictes. Cela peut limiter notre flexibilité dans la prestation de nos services. Cependant, ce financement nous permet d’offrir des tarifs compétitifs, ce qui est essentiel pour nos membres. Il s’agit de trouver un équilibre entre les aspirations et les besoins de nos membres et les exigences des bailleurs de fonds.
Quelle est la situation du secteur coopératif au Québec en 2025 ? Où se situent les pôles de croissance et où se trouvent les obstacles ?
Le secteur coopératif reste dynamique. La création de nouvelles entreprises d’économie sociale se poursuit à un rythme comparable à celui d’autres types d’entreprises. On observe également une croissance notable des reprises collectives d’entreprises, qui permettent de pallier le manque de relève entrepreneuriale. Ce modèle continue de gagner en popularité.
De plus, un mouvement de consolidation est en cours : les petites coopératives fusionnent ou combinent leurs produits et services afin de mieux répondre aux besoins de leurs membres.
Le mouvement coopératif offre des solutions économiques authentiques. C’est un modèle qui place les membres au cœur de l’action, avec des pratiques concrètes et engagées. Si les raisons de la croissance du modèle coopératif au Québec sont variées, son authenticité et sa capacité à répondre aux aspirations des gens jouent sans doute un rôle majeur.
Grâce à son expertise, la CDRQ est bien placée pour jouer un rôle de plus en plus important dans cette évolution.
La CDRQ a « régional » dans son nom, mais vous desservez l’ensemble de la province. Quelles sont les différences entre le soutien aux coopératives urbaines et celui aux coopératives rurales ?
Il est évident que les besoins varient en fonction de l’environnement. À la suite de nombreuses initiatives de soutien menées par la CDRQ auprès de coopératives, tant en milieu rural qu’urbain, certaines différences notables ont été observées. Dans les zones rurales, par exemple, le parcours entrepreneurial tend à être plus complexe et plus long. De plus, les ressources financières sont généralement moins accessibles que dans les grands centres urbains, ce qui représente un défi important pour de nombreux projets coopératifs. Malgré ces obstacles, les coopératives restent très présentes dans les régions du Québec, souvent par nécessité, afin de répondre aux besoins spécifiques des communautés locales.
La coopérative devient ainsi un lieu de rassemblement essentiel, particulièrement précieux dans les régions où de tels espaces sont rares.
En termes de soutien à ces projets, plusieurs éléments varient :
- Le leadership individuel joue un rôle crucial dans les zones rurales : chaque personne est essentielle à l’avancement d’un projet coopératif.
- Les programmes disponibles diffèrent selon le territoire.
- Le lien avec la coopérative est souvent plus fort et plus polyvalent dans les zones rurales. Les coopératives rurales ont tendance à offrir de multiples services pour répondre à une variété de besoins locaux, tandis que les coopératives urbaines sont généralement plus spécialisées.
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